Ca faisait déjà quelques jours que j'avais des soupçons...
Déjà, les gens commençaient à tous se connecter à nouveau sur msn...Alors que c'était désert depuis quelques mois.
Puis, alors qu'ils étaient quasiment tous revenus, ils ont commencé à se coucher de plus en plus tôt...Je l'ai d'abord pris mal ("c'est pas intéressant ce que je vous raconte c'est ça ! Jean Jacques avait raison de me prévenir, tout le monde me déteste...C'est un complot universel !!") mais ils me donnaient tous la même raison "faut commencer à prendre le bon rythme !". "Le bon rythme" ? Qu'est-ce que c'est que ça ? Une course de fond ? Ou des percussions peut-être ?
C'est un coup d'oeil au calendrier qui a fixé la réponse à cette troublante question alors qu'il annonçait fièrement dans la barre des taches en bas de mon écran qu'on était à la toute fin du beau mois d'août :
la rentrée, car c'était elle, arrivait à grand pas (ou Aragorn, ça dépend où vous en êtes du bouquin). C'était donc ça ce sentiment étrange que quelque chose se préparait dans mon dos !
Eh oui, car quand on n'a pas la télé, on est pas harcelée dès la mi-juillet par les pubs pour cartable Barbie "avec ton amie Barbie, la rentrée est plus jolie !!" ou Batman "que c'est un super cartable de super héros de tous les supers jours qu'ils sont bien !" et on a tendance à se laisser aller à considérer que ce délicieux rythme de vacances (vous savez, lever à horaire libre, manger un peu quand on veut un peu ce qu'on veut, glandouille intégrale et coucher super tôt...le matin.) va durer toujours puisque ça fait déjà une éternité qu'il s'est installé dans votre vie (c'est à dire deux mois). Et si des fois on parvient à vaguement concevoir que les cours vont peut-être reprendre un jour, c'est alors dans une lointaine dimension parallèle qui ne nous concerne absolument pas. Et d'ailleurs l'école est une grande insititution qui peut très bien se demmerder sans nous, faut bien qu'elle admette qu'on sera pas toujours là pour elle hein !
Mais non, c'était bel et bien la rentrée, la vraie, l'unique à la saveur inimitable du terroir; et qui plus est, elle me concernait personnellement moi même.
J'ai donc commencer à râler pour la forme, parce que c'est vrai, je n'avais aucune envie que cet agréable train train dont la routine pouvait cependant être brisée à volonté cesse subitement et sans raison, surtout si c'était pour me lever à l'aube blafarde et retrouver quotidiennement ma chère classe-poulailler et les si raffinés murs en béton crasseux de mon bahut adoré. Mais malgré toutes mes protestations, râleries, maugréments et autres renfrognades (oui, j'aime bien râler :D ) mon pauvre cerveau lymphatique ne parvenait pas à concrétiser convenablement le concept de rentrée. Ca ne s'imprimait pas sur mon petit cerveau. Syntax error, répètait-il. "The page cannot be displayed" était la variante. "Aucun résultat n'est disponible pour ces termes de recherche...êtes vous sûr que ce mot existe vraiment espèce d'illétré ?"
Autant vous dire que je n'ai absolument pas cessé de me coucher à des horaires incongrus au lieu de rattraper le fameux rythme que j'évoquais ci-dessus et que, dans un coin reculé de mon cerveau, d'irréductibles neurones perséveraient à affirmer que les vacances allaient durer encore et toujours et qu'il n'était absolument pas question que ça soit le branle-bas de combat à cause du rumeur dont on ne pouvait après tout pas vérifier le fondement (mais non c'est pas sale)
Et pourtant les références à cette prétendue rentrée se faisaient de plus en plus nombreuses : à la radio, dans mon entourage, dans la rue, tout le monde n'avait que ce mot à la bouche.
Un jour mon père m'a même accompagnée pour chercher des manuels scolaires à la bibliothèque d'une association de parents d'élèves dont je ne citerai pas le nom mais juste les initiales : la PEEP. Il m'a même achetée des nouvelles chaussures qui ne sont pas des tongs...comme si ça allait vraiment être à nouveau l'hiver, ah ah ah, laissez moi rire !
Et puis bon, la date de la soit-disant rentrée est arrivée...aujourd'hui même que. J'avais entendu dire que c'était à 14h qu'il fallait être au bahut...j'ai décidé d'aller jeter un oeil (mais pas trop loin, ça serait con de le paumer), des fois que...
Aux environs de 13h30 je me suis habillée (bah oui, elle est pas très pratique cette robe de chambre, elle a tendance à pas rester croisée) et je suis allée jeter à un oeil à mon lycée...
Et...C'était vrai en fait (note à moi même : exterminer les neurones résistants qui refusent d'admettre la réalité et du coup de m'en renseigner et s'en procurer de nouveaux en états de marche, ça pourra servir pour le vrai bac histoire de réviser un peu au préalable.)
Tout le monde était là, ça faisait du bruit de la foule...Berk, ça faisait trois mois que j'avais pas subi ça ! Mais y avait aussi cette race particulière de gens qu'on nomme "amis" et ça a fait passé la pilule de les revoir et de se sentir entouré de gens compréhensifs (c'est à dire cinglés eux aussi)
J'ai revu ce hall au carrelage marron et aux murs mauves, ces hideux escaliers que je n'ai que trop gravi, ces p***in de couloirs tout moches, les différentes classes qui attendent dans un brouhaha dense et étouffant, chacune devant leur salle, les salles en elle même, aux murs toujours aussi délabrés et déprimant en blanc hopital (des nouvelles tables et chaises par contre....qui font un peu taches dans les salles moisies :S ). Je suis même restée assise deux heures avec d'autres filles (eeeh oui...) du même age que moi à une même chaise à écouter quelqu'un parler debout , tout comme si c'était un cours, comme dans ce temps lointain d'avant les vacances-d'été-faille-dans-l'espace-temps.
Et là je crois que c'est officiel : c'est la rentrée. (Ou alors c'est un putain de coup monté et dans ce cas bravo "surprise-surprise")
Mais comme personne ne m'a montré la caméra cachée, je joue le jeu et je me résigne à mon sort. Soit, j'aurai 8h de philo chaque semaine (sérieusement, ça, ça me fait plaisir !) et je verrai 6h le prof qui m'enseignait le latin l'an dernier, celui-là même qui me prend pour une demeurée à force d'entendre les blagues plus que nulles que je peux faire avec Solenne (ma co-latiniste préférée :)
[mais oui je t'aime aussi froddy] ) et qui prend un air exaspéré quand je dis une connerie; soit, je verrai mes amis tous les jours; soit, je retrouverai mes chères pelouses et le plaisir d'y glander....Et j'accepte également de bosser à nouveau, toutes mes matières m'intéressent, alors ça pourra même être agréable (mais si ! Non ? Vraiment ?ah....).
Je suis même motivée pour reprendre le rythme scolaire tiens ! Sérieux, ça va me fait plaisir d'y retourner, de reprendre un peu ces petites habitudes qui font aussi le charme de la vie de lycée (oh mes lampes, faites que ma machine à capuccino ait survécu aux mesures anti-obèses et du même coup anti-distributeurs au bahut...), de reprendre une vie sociale régulière (oui, je suis pas encore irrécupérable comme geekette), et puis même d'apprendre (y en a qui se sentent mal dans leur peau, flétrits, ramollis, quand ils ne font pas de sport. Moi c'est d'exercice mental dont j'ai besoin, au même titre que certains l'exercice physique). Alors, quand est-ce qu'on reprend ?!! (fit-elle, pleine d'entrain, tapant dans ses mains en frétillant d'impatience)
Réponse du calendrier scolaire : lundi.
Pffff, pour une fois que j'étais motivée, vla qu'ils nous foutent un week-end entre ma détermination et le boulot...
Eh ben puisque c'est comme ça, qu'on soit bien d'accord : si je plante mon année de terminale parce que je n'aurai jamais envie de bosser, ce sera exclusivement à cause de cette rentrée qui a eu l'idée foireuse d'être un vendredi.